Après mon séjour de trois mois dans le grand Nord en 2015, j’avais dénoncé l’implication des jeunes de Beni et Butembo dans les exactions qui endeuillent quasi quotidiennement ces deux territoires depuis plusieurs années. Certains attirés par l’appât du gain dans des opérations de règlement de compte, d’autres intéressés par des illuminés maï-maï, ces jeunes sont, dans la grande majorité, des enfants de ces territoires qui y ont ainsi ouvert un douloureux chapitre de sang et de larmes. Aujourd’hui, des événements se multiplient pour me donner enfin raison. Le dernier cas en date est celui d’une dizaine de jeunes assaillants qui ont participé à la dernière attaque du centre-ville de Butembo ce mercredi matin.
L’un d’entre eux révèle, en effet, que la plupart des membres de leur bande sont des jeunes gens de ce territoire, habitant au quartier Kalemie. Conduits par un certain Ezechiel, raconte l’un des capturés, ces assaillants se sont regroupés à Kisala, sur la route Beni-Butembo. Ils ont, pour la plupart, été retirés de leurs activités quotidiennes ou de leurs études pour être soumis à des entrainements sommaires (deux semaines) dans la brousse.
La plupart des attaques de ces derniers, notamment contre les structures de riposte contre Ebola, sont l’oeuvre de ces jeunes motards particulièrement extrémistes et mobiles afin de ne pas être attrapés. Le week end et le mardi derniers, ils ont attaqués des équipes de riposte contre Ebola, paralysant ainsi leurs activités au point qu’il a été annoncé l’augmentation, dans les prochaines jours, des pertes des vies humaines.
Plus que jamais, la lutte contre cette insécurité à Beni et Butembo passe par une intervention efficace des leaders d’opinion et autres notables locaux qui feraient œuvre utile en s’y impliquant au lieu de passer le temps à la conquête du pouvoir aux élections.
Yvon RAMAZANI